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Dioxyde de titane alimentaire interdit en Europe : retour sur la mise en évidence de ses effets toxiques

L’usage du dioxyde de titane (E171) vient d’être interdit dans l’alimentation par une modification du règlement de la Commission européenne publiée le 18 janvier 2022, avec une période de 6 mois pour la mise en application. Cette décision fait suite à l’expertise de l’Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) concluant, dans un avis rendu le 6 mai 2021, que le E171 ne pouvait plus être considéré comme sûr lorsqu'il est utilisé comme additif alimentaire. Cet avis s’appuyait en particulier sur des travaux pionniers menés par une équipe INRAE (Toxalim, Occitanie-Toulouse). Retour sur la mise en évidence de ces effets toxiques.

Publié le 06 mai 2021 (mis à jour : 22 mai 2023)

illustration Dioxyde de titane alimentaire interdit en Europe : retour sur la mise en évidence de ses effets toxiques
© INRAE, Toxalim

Qu’est-ce que le dioxyde de titane ?

C’est un additif alimentaire phare largement utilisé à l’échelle mondiale pour ses propriétés colorantes (pigment blanc) et opacifiantes, plus connu en Europe sous le nom de E171. L’emploi de cet additif sur le marché des denrées alimentaires était suspendu en France depuis le 1er janvier 2020, par principe de précaution (1), et son interdiction vient d’être étendue, en janvier 2022, à l’échelle de l’Europe.

Les travaux de chercheurs INRAE en 2017 et 2020, d’abord sur le potentiel immunotoxique et promoteur de lésions pré-cancéreuses du E171 dans l’intestin puis sur le passage materno-fœtal de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO2) qui le composent, ont apporté les preuves scientifiques nécessaires à ces mesures. En 2021, l’EFSA avait réévalué un précédent avis datant de 2016 sur le E171, pointant des lacunes dans les données de sa précédente évaluation qui avait fait valoir l’absence de risque sanitaire. L’agence européenne a depuis considéré que le E171 n’était plus sûr en tant qu’additif alimentaire, un avis qui a permis de faire évoluer la réglementation à l’échelle européenne.

Retour sur nos résultats marquants :

Le E 171 traverse la barrière placentaire chez l’humain
En collaboration avec le Laboratoire national de métrologie et d’essais, le Groupe de Physique des Matériaux (CNRS/INSA Rouen/Université de Rouen Normandie), le CHU de Toulouse, l’Université de Picardie Jules Verne et l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, les chercheurs INRAE ont poursuivi leurs travaux chez l’Homme et apporté la preuve que des nanoparticules de TiO2 présentes dans l’additif E171 peuvent traverser le placenta et atteindre l’environnement fœtal. Leurs résultats, parus le 7 octobre 2020 dans la revue Particle and Fibre Toxicology alertent sur l’importance d’évaluer le risque quant à la présence de nanoparticules dans cet additif commun face à l’exposition avérée de la femme enceinte.

 communiqué de presse, 2021

Franchissement de la barrière intestinale, chez l'animal

Des chercheurs d’INRAE et leurs partenaires (Anses, CEA-Université Grenoble-Alpes, Synchrotron SOLEIL, Luxembourg Institute of Science and Technology) ont étudié les effets d’une exposition orale au dioxyde de titane, un additif alimentaire (E171) utilisé de façon courante, en confiserie notamment. Ils ont montré pour la première fois, chez l’animal, que les nanoparticules du E171 pénètrent la paroi de l’intestin et se retrouvent dans l’organisme. Des troubles du système immunitaire liés à l’absorption de la fraction nanoparticulaire de l’additif ont été observés. Par ailleurs, les scientifiques montrent qu’une exposition orale chronique au E171 induit de façon spontanée des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non malin de la cancérogenèse, chez 40 % des animaux exposés. De plus, le E171 accélère le développement de lésions induites expérimentalement avant exposition. Ces résultats témoignent d’un effet initiateur et promoteur des stades précoces de la cancérogenèse colorectale, sans toutefois permettre d’extrapoler ces conclusions à l’Homme et pour des stades plus avancés de la pathologie. Ces résultats sont publiés dans Scientific Reports le 20 janvier 2017.
communiqué de presse, 2017
En 2018, les chercheurs montraient que le dioxyde de titane ne fragilisait pas le mucus intestinal chez l’animal. (Communiqué, 2018).
En 2020, les principales voies d’absorption du TiO2 dans l’intestin ont été identifiées par les mêmes équipes (DOI: 10.1186/s12989-020-00357-z).
 

 

1 Application de la loi du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (loi Egalim). Cette mesure s’applique aux produits alimentaires distribués en France, pour une durée d’un an potentiellement reconductible. Ce principe de précaution ne s’applique pas aux produits non-alimentaires.

Contacts

Eric HoudeauContact scientifiqueUnité Toxicologie alimentaire

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Nanoparticules de dioxyde de titane : le E171 traverse la barrière placentaire

COMMUNIQUE DE PRESSE - Qu’est-ce que le dioxyde de titane ? C’est un additif alimentaire phare largement utilisé à l’échelle mondiale pour ses propriétés colorantes (pigment blanc) et opacifiantes. Plus connu en Europe sous le nom de E171, l’utilisation de cet additif sur le marché des denrées alimentaires est suspendue en France depuis le 1er janvier 2020, par principe de précaution (1). Les travaux (2) de chercheurs INRAE en 2017 ont apporté les preuves scientifiques nécessaires à cette mesure ponctuelle instaurée pour une durée d’un an potentiellement reconductible. En collaboration avec le Laboratoire national de métrologie et d’essais, le Groupe de Physique des Matériaux (CNRS/INSA Rouen/Université de Rouen Normandie), le CHU de Toulouse, l’Université de Picardie Jules Verne et l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, ces mêmes scientifiques ont poursuivi leurs travaux chez l’Homme et apportent maintenant la preuve que des nanoparticules de dioxyde de titane présentes dans l’additif E171 peuvent traverser le placenta et atteindre l’environnement fœtal. Leurs résultats, parus le 7 octobre dans la revue Particle and Fibre Toxicology alertent sur l’importance d’évaluer le risque quant à la présence de nanoparticules dans cet additif commun face à l’exposition avérée de la femme enceinte.

05 octobre 2020

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Additif alimentaire E171 : les premiers résultats de l’exposition orale aux nanoparticules de dioxyde de titane

COMMUNIQUE DE PRESSE - Des chercheurs de l’Inra et leurs partenaires (Anses, CEA-Université Grenoble-Alpes, Synchrotron SOLEIL, Luxembourg Institute of Science and Technology) ont étudié les effets d’une exposition orale au dioxyde de titane, un additif alimentaire (E171) utilisé de façon courante, en confiserie notamment. Ils montrent pour la première fois chez l’animal que le E171 pénètre la paroi de l’intestin et se retrouve dans l’organisme. Des troubles du système immunitaire liés à l’absorption de la fraction nanoparticulaire de l’additif ont été observés. Par ailleurs, les chercheurs montrent qu’une exposition orale chronique au E171 induit de façon spontanée des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non malin de la cancérogenèse, chez 40% des animaux exposés. De plus, le E171 accélère le développement de lésions induites expérimentalement avant exposition. Ces résultats témoignent d’un effet initiateur et promoteur des stades précoces de la cancérogenèse colorectale, sans toutefois permettre d’extrapoler ces conclusions à l’Homme et pour des stades plus avancés de la pathologie. Ces résultats sont publiés dans Scientific Reports le 20 janvier 2017.

16 décembre 2019

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Le dioxyde de titane ne fragilise pas le mucus intestinal chez l’animal

De fortes inquiétudes existent aujourd’hui sur les conséquences des nanoparticules dans l’organisme. L’année dernière, des chercheurs du laboratoire INRAE de TOXicologie ALIMentaire découvraient que l’additif alimentaire dioxyde de titane pénétrait la paroi de l’intestin pour se retrouver dans l’organisme. En poursuivant leurs études en collaboration avec des équipes du CNRS, ils se sont intéressés aux conséquences que cela pouvait avoir sur le mucus. Leurs résultats sont publiés dans la revue Journal of Nanobiotechnology.

17 mars 2020